Moi la petite dernière et qui allait le rester d'une fratrie déjà composée de deux garçons et d'une fille.
Toi qui fut laissée à l'orphelinat tout bébé par ton père devenu veuf, trop écrasé par la charge que représentait un nouveau né dans une ferme... maintenant que j'y pense il n'y a jamais eu de rancoeur dans tes propos le concernant, tout juste, lui repprochais tu le peu de visites qu'il te faisait..2 ou 3 l'an, et de ton regret qu'il n'ait pas su convaincre sa nouvelle épouse de t'élever par la suite..
Une orange à Noël.. l'apprentissage par coeur des préfectures et sous préfecture de France... une main qui t'agrippe rapidement pour t'isoler au secret aux premières règles... une éducation religieuse coupée du vrai monde et de ses réalités... une enfance sans amour...et la majorité à 21 ans.
Tu t'es construite avec ces bagages là... ces manques et ces absences.

Mes souvenirs d'enfant sont à l'opposé des tiens... une maman aimante, maternante, et que de l'amour de ta part...
Vers 7 ou 8 ans, mon plus grand plaisir, alors que tu lisais allongée dans ton lit, était de venir me blottir tout contre toi, en chien de fusil,au creux de ton ventre...
De la tête aux pieds pas un centimetre carré qui ne fut pas en contact avec toi... avec la chaleur de ta peau... j'entendais alors les pages que tu tournais régulièrement jusqu'à entendre ton souffle plus régulier et sentir le poids du livre qui t'échappait, quand le sommeil venait te surprendre.
Tu as toujours aimé lire dans ton lit, et devenue plus grande, je guettais le moment où j'allai pouvoir te retirer tes lunettes avec mille précautions afin qu'elles ne te fassent pas mal.
De cette éducation qui fut la tienne, il t'est resté un gout prononcé pour une expression orale parfaite, " ma fille ! tu dis ce que tu veux dehors mais pas à la maison !"
Je ne t'ai entendue que deux fois dire "MERDE", et à chaque fois j'ai hésité entre surprise et amusement... "ben dis donc ma Nouche, t'es en colère !"
La vulgarité et la grossièreté t'insupportaient véritablement.
Tout comme la méchanceté, le mensonge, la bétise humaine, les comérages... tellement loin de ces déviances là... tellement au dessus.
En fait je me suis rendue compte assez tôt que je n'avais pas une Maman comme les autres. Il était facile de te duper, de te mentir, (et je crois bien ne pas avoir été la seule à le faire de tes quatre enfants !), parceque tu as toujours été "innocente"... au sens "pure".
Oui, cette pureté qui font les belles âmes. Pas une once de mal, pas l'ombre d'un sentiment négatif. Nul n'a dit de mal de toi, tu n'as fait l'objet d'aucun conflit...
D'ailleurs tu t'entendais avec tout le monde, toujours un mot gentil au hasard des rencontres, attentive aux autres, respectueuse de tous...
Je te revois encore refuser catégoriquement "d'entendre" lorsqu'un odieux fait divers filtrait de la radio.. trop insupportable pour une personne comme toi... refuser la noirceur des âmes, ne pas savoir.
Tes enfants et ton mari ... c'était ça ton bonheur...
Les grandes tablées...
J'ai toujours adoré ta manière de t'extasier de tout... un joli bouquet de fleurs, la Place de l'Armée Rouge, une toile d'araignée perlée de rosée, le concorde qui passait, la voix de Barbara Hendrix, un reportage, l'art moderne, la saveur d'un fruit mûr...
Curieuse de tout, avide de lectures, de voyages... toute émotion positive te transportait de ravissement et de joie. Tu portais sur les choses et les gens un regard emplit d'innocence et de curiosité... tu as passé ta vie à découvrir le monde et ses expressions... et à nous aimer.

Lorsque j'ai accouru, le 20 janvier 2003 au petit matin, Papa était assis voûté, la tête entre les mains... tu étais au sol, et trois pompiers essayaient en vain de te réanimer... je me souviens avoir lever les yeux au ciel, pour te dire au revoir...
Ma petite Mère, tu es partie aussi discrètement que tu avais vécu, en douceur.
Mais sais tu à quel point j'ai mal à jamais de ton absence..
Ton sourire, ton odeur, tes gestes, ta tendresse, et cet amour inconditionnel dont tu m'as toujours enveloppée..
L'unité au sein de la famille que tu as pris soin d'entrenir tout au long de ta vie de Maman, et bien sache qu'elle a perdurée.. Tu l'as bien vu le 30 septembre 2005 quand nous nous sommes relayés tous les quatre pendant trois jours et trois nuits à l'hopital pour que Papa te rejoigne avec sérénité.
Nouche..à travers mes larmes,il faut encore que je trouve la forçe de t'écrire ceci :
Je t'aime... garde moi une petite place au creux de ton ventre... comme quand j'étais petite, je finirai bien par arriver.
2 commentaires:
Indigo ! quel bel hommage pour ta maman, j'en suis très émue...
De telles personnes sont si rares, et l'on ressent parfaitement sa douceur et sa tendresse sur son visage.
Je t'embrasse bien fort.
ps. Erica et Arc-en-ciel sont la même personne, je ne me cache pas juste un blog plus discret; merci à toi.
je comprends maintenant d'où Te vient la lumière qui T'habite.
Ne crains rien, Belle Louve, Tu as su reverser cette chaleur dans le coeur de Tes loupiots.
Merci à vous Madame, de m'avoir offert votre sublime Fille.
9 avril 2008 05:24
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